Vis ma vie de cueilleur de mandarines

Petite intro au picking de mandarines, histoire que vous sachiez de quoi on parle… :

• Le groupe de pickers est organisé en équipe de 4 pikers, qui ramassent les fruits d’une double rangée d’arbres (un row – c’est à dire un rang), situé dans un bloc, lui-même situé dans un orchard (un verger). Quand le row est fini, on passe au suivant (logique)

• Chaque équipe a son tracteur, qui tire 2 trailers. Un trailer est composé de 3 bennes (bins), qui peuvent contenir chacune 450 kilos de fruits

• Le picker travaille avec un clipper pour couper les tiges des fruits ; il met chaque mandarine cueillie dans un grand sac qu’il porte sur son ventre (ça fait comme un tablier, croisé dans le dos, et avec une grande poche devant !) ; un sac plein pèse à peut près 12 kilos (d’où l’impression d’être enceinte, à la veille de l’accouchement !). Le picker verse ensuite son sac plein dans sa bin
• Le picking est payé au rendement ; les pickers sont donc plus ou moins libres de faire les horaires qu’ils souhaitent
• Dans la région, 2 principaux types de mandarines sont cultivés : les Imperials (que l’on cueille en ce moment), et les Mercots (saison à venir)
• Un arbre est généralement « découpé » de la façon suivante : les « bottoms » (les fruits situés en bas et à portée de main) et les « tops » (les fruits à cueillir à l’échelle). Avec Doudou, on a créé une taille supplémentaire : les « intermédiaires ». Il s’agit de ceux que je considère comme des tops, car je ne peux les cueillir qu’à l’échelle, alors que pour Doud, ce sont des bottoms ! 😉

• Ca sent bon la mandarine dans les rangs !
• Attention, c’est presque Fort Boyard, avec des pièges à éviter : des grosses épines dans les arbres qui déchirent des fringues (et aussi tes bras un peu), et parfois des cactus au sol

Aujourd’hui, nos envoyés spéciaux vous font donc découvrir la vie dans une ferme du Queensland… 24h relatés dans ce reportage incroyable 😉 : Vis ma vie de cueilleur de mandarines !

• 5h15 : réveil. « Aaaaaah ça meule ! ». (ici la nuit ça caille ! 4°, 7° quand on se lève…). Bon, on appuie pour 5 minutes de rab’.
• 5h20 : re-réveil. On se retourne et on s’enfonce au fond du duvet.
• 5h30 : re-re-réveil. « Encore 5 minutes ? ». « Raaaah nan mon Doud, faut qu’on se lève ». « Est-ce que tu crois qu’on pourrais picker en duvet ? ». A la réflexion, on se dit que non, ça va être compliqué… Donc on se lève
• 5h46 : on débarque dans la cuisine : « Bonjour ! » / « Bon matin ! » / « Morning ! » / « Morgen ! » (selon les nationalités présentes). Il y a plusieurs écoles : le petit déj travailleur, avec beans et nouilles, histoire de bien se caler le ventre ; et le petit déj traditionnel, avec café, tartines au nutella et céréales… (nous on est tradi)
• 5h53 : lever du soleil pendant le petit déj 🙂

• 6h21 : Doud part récupérer le tracteur au shed
• 6h32 : on est en position dans notre rang, prêt, feu, picking ! On entend les copains qui n’étaient pas encore arrivés, débarquer au fur et à mesure dans les rangs
• 9h12 : ça y est, il fait 15 000°, on sue comme des phoques. On fait péter le t-shirt
• 9h44 : je me retrouve nez à nez avec un serpent. Et là, le truc qui compte, c’est « sauve qui peut ! » (surtout quand tu sais que la majorité des serpents en Australie sont mortels). Je suis presque en haut de l’échelle, mais rien à faire, tu jump ! Enfin tu jump-glisses-aaaah-l’échelle-bascule-(ah oui j’avais oublié que je portais un sac de 15 kilos de mandarines)-puis-se-redresse-tu-cries-bizarrement-et-tu-reglisses-ouf-t’es-en-bas-vite-s’éloigner-de-l’arbre. Après inspection de l’arbre par les gars, il s’avère que c’était juste une mue qui bougeait avec le vent… « Mais t’inquiètes, les serpents qui sont dans les arbres sont les moins dangereux : c’est les pythons ». Ah euh des pythons ? Bon bah ok, je suis « rassurée »…
• 11h15 des copains en pause clope viennent taper la discut’ ; c’est cool et ça nous fait un break
• 12h35 : pause déj vite fait de 15 minutes, avec un bonus pour Doud et sa clope
• 14h23 : putain d‘arbre de merde ! J’arrive pas à passer mon échelle, les branches bloquent, je pousse, je jure, je re-pousse, putain elle ne passe pas raaaaaah ! L’échelle passe, libère la branche qui était coincée, qui te revient en plein dans le visage, paie ta gifle (c’est la 3ème depuis ce matin). Une grosse mandarine te tombe sur le haut de la tête, aïe euh merde ! Impec…
• 15h17 : oh punaise, j’ai faillit mettre la tête dans une de ces immmeeeeenses toiles et toutes collantes, avec en plein milieu, une araignée ENORME ! Hé oui, c’est qu’il y a de la vie dans les mandariniers : petites grenouilles, chenilles, araignées…

• 16h41 : le soleil commence à être bien bas, et il fait un peu plus frais… presque tout le monde est partit… ça sent la fin de la journée !
• 16h49 : pendant que Doud ramène le tracteur au shed, je note nos horaires et les numéros de nos bennes remplies

• 16h56 : retour à la ferme, vite la douche (détail : qui est dehors) avant qu’il fasse nuit et froid ! Quelques fois, tu es accueillie par un « Ah, tu vas voir, il n’y a déjà plus trop d’eau chaude ». Oh non…. punaise, qui a pris une douche à rallonge ? (souvent, personne ne répond)
• 17h05 : le soleil se couche, on perd environ 10° d’un coup… Ca caille !
• 17h53 : on rentre dans le shed, hmmmmm ça sent bon le shampoing et la cuisine. Tout le monde s’affaire, ça cuisine, ça mange, ça déconne et ça discute mandarines et bennes remplies, politique dans cette période électorale, voyages et films. Aujourd’hui on a battu notre record de bennes remplies, on se paie une bière 🙂
• 18h38 : à taaaaaaaable !
• 19h54 : il est tôt, mais tout le monde est claqué de sa journée. On rejoint Jack, et on s’installe pour 1 ou 2 épisodes de Weeds (en grignotant du chocolat les jours de fête)
• 21h25 : extinction des feux, le marchand de sable va passer… (déconnes pas, faut qu’on soit en forme pour demain, on a un job nous : mandarines pickers ! ;-))